Nja Mahdaoui (Tunis: Cérès Productions, 1983), pp. 22-23, 28-29, 38-39, 56-57, 62-63.
la mer s'ouvre les veines
pour vivre de ce feu
qui fait d'elle un miroir
aux mille images du noûn
à l'aube était la fêteune aube de midi
une aube de minuit
tu en fais une seule vague
au plus fou du voyageune femme accroupie
se damne au pur péché
d'iriser l'or du temps
l'aurore était jardin
aurore d'écorce au flanc
aurore de sève et d'encre
tu en fais une seule flamme
un instant démasqué
le sorcier s'interroge
quelle est donc cette danse
qui délie ses poignets
il vit au fil du feu
je connais son exil
en marche vers le noûn
il crie en bleu et or
un oiseau chorégraphe
picore entre tes doigts
ô mon frère calligraphe
quand tu écris nos rêves
voici le trait vocal
les racines d'un chant
que tu hisses au grand mât
pour naviguer de nuit
le sang se fait arpège
à ce point de l'errance
une musique source
pour aborder le jour
et tu trouves la passe
quand le bleu filigrane
et que l'or tombe en pluie
tu paganises la mer
fidèle à l'incendieque ton geste aquarellede la femme à l'oiseautu mesures l'archipelle feu s'ouvre l'écorcepour dédouaner la merau bout de l'alchimiesoudain le port du noûnmon regard se déhancheoù le cri jette l'ancrenous sommes à ce point prochesque nos silences se touchent...